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Le(s) secret(s) de famille

  • Photo du rédacteur: David N'diaye-Allard
    David N'diaye-Allard
  • 5 avr. 2022
  • 4 min de lecture


Loin d’être un détail anondin, le secret de famille est un des éléments constitutifs du système et de l’histoire familiale dont, l’impact et la charge émotionnelle qui lui sont attachés peuvent se révéler considérables. C’est autour de ce secret que va s’articuler et se consolider le fonctionnement familial. Les différents membres de la famille impliqués dans ce secret vont, consciemment et/ou inconsciemment se mettre à son service en oeuvrant à la protection et à la préservation de celui-ci.


Les types de secrets qui opèrent dans le système familial :


1)Secrets de filiation :


Nom du père:

-L’enfant est de père iconnu : il ne connait pas son père et est déclaré en tant que tel (né de père inconnu) ou, il est reconnu ou présenté comme le fils d’ un homme qui n’est en réalité pas son géniteur.

Nom de la mère:

- l’enfant n’est pas reconnu par sa mère

- l’enfant est né sous X


2) Secrets comportementaux :

-Dépendances et addictions (alcool, drogue, jeu, sexe..)

-Violence et harcèlement (le système familial va oeuvrer pour dissimuler les violences faîtes aux femmes, aux enfants, aux personnes faibles)

-Délinquance et emprisonnement (tabous ancrés dans les histoires familiales)

-Folie, maladie psychiatrique, internement (constituent aussi le secret de famille par dissimulation).

3) Secrets en lien avec la mort :

-Deuils pathologiques

-Mort cachée, absence de sépulture

-Dissimulation ds causes de la mort


4) Secrets en lien avec la sexualité :

-Masturbation

-Homosexualité

-Perversions sexuelles

-Prostitution

-Infidélité

-Maladies sexuellement transmissibles (mst)

-Viol

-Avortement

-Liaison avec des représentants de culte (prêtre, nonne...)

-Liaisons avec ennemis ou envahisseur (par temps de guerre ou de conflit)




3 stades du secret sont à différencier dans la structure familiale:


1- L’indicible :

Le porteur initial du secret est couvert par la première génération. Victime d’un traumatisme ou d’un deuil profondément marquant il se trouve, soit dans une incapacité à élaborer et partager ce qui l’a marqué, soit dans une volonté forte de ne pas en parler. Le plus souvent le choc est tel qu’une forme de sidération vient murer le porteur du secret dans le silence. Un clivage se crée, un conflit interne. D’un coté la victime désire se décharger de ce qui lui pèse mais, par crainte des conséquences d’une parole libérée elle se refuse à en parler. C’est donc un conflit intra-psychique qui résulte de ce processus où l’élaboration et l’introjection du trauma n’ ont pu se faire correctement. Le détenteur du secret peut alors user consciemment et inconsciemment de différentes stratégies de décharge mais qui resteront partielles ( des gestes, des non-dits, une attitude, des allusions etc..)


2- L’innommable :

Il s’agit du second stade. Le descendant du porteur du secret perçoit mais sans pouvoir comprendre la tension de son parent (que le traumatisme se soit produit avant ou après sa naissance). Ainsi par ce défaut de compréhension il y a une impossibilité à assimiler ce qui est perçu. Il est fréquent d’observer l’apparition de troubles émotionnels et du comportement au niveau de cette deuxième génération. Une nouvelle forme de clivage apparaît mais qui, à la différence de la première génération n’englobe pas seulement une partie du psychisme. Là, c’est la totalité du psychisme de l’enfant qui est pris dans ce clivage. L’indicible du secret se transforme en innomable car comment nommer quelque chose qui n’a jamais été dit..


A ce stade, dans la seconde génération se trouve l’empreinte fantomatique du secret. Cette deuxième génération est dans l’impossibilité de verbaliser une sensation ou une perception qu’elle ne peut rattacher à aucun fait précis.



3- L’impensable :

Enfin, la troisième génération elle, est prise dans une spirale de l’inconscient familial. Elle perçoit non plus chez les ascendants mais en elle-même, les angoisses, les vides, les douleurs et tout cela est inclu dans sa personne, elle l'a intégré et sans aucun moyen de qualifier ce contenu qui l’handicape pourtant profondément.

Au niveau comportemental et inconscient, cette troisième génération va être orienté, poussée vers le dévoilement du secret par l’intermédiaire de gestes, d’attitudes ou la génération de pathologies relativement violentes et difficilement compréhensibles par le sujet lui-même, pathologies qui sont souvent aussi incomprises de l’entourage du sujet car en apparence dénuées de toute origine objective.




«La psychogénéalogie ouvre des possibles : maintenir les loyautés qui nous conviennent ; faire émerger tout ce qui a pu être joyeux, honorable, agréable et paisible ; déposer le fardeau des erreurs, souffrances, plaies et fautes du passé ; accepter qu’il peut y avoir du mauvais, des hontes et des non-dits, des drames non résolus dans notre famille, des pertes impossibles à admettre, et prendre avec recul tout cela pour vivre, enfin, sa vie à soi.»

cit. Anne Ancelin Schützenberger




Le secret est l’élément à la base de la création de ce que l'on appelle le "fantôme" familial et qui rôde entre les générations.

Il suinte et transpire des êtres, des comportements familiaux, des relations interpersonnelles tout comme à travers les comportements sociaux aussi. C’est par l’observation de ce qui transpirent que l’on décèle des indices qui, peu à peu nous mettent sur la voie de l’élaboration (découverte et mise en mots) du secret.





TROIS CATEGORIES D’INDICES A PRENDRE EN COMPTE:


a) Indices verbaux et comportementaux :

Ces indices peuvent être captés par une observation et une écoute active qui nécessite certaines compétences (accompagnement thérapeutique). C’est le langage corporel du sujet et des membres de la famille mais aussi le discours qu'il tient qui renseignent.


b) Indices biographiques et généalogiques :

L’étude approfondie du génosociogramme et des documents généalogiques recueillis pour le réaliser vont permettre de détecter plus précisement où se logent secrets et fantômes familiaux.


b) Indices cliniques :

Les troubles du comportements représentent aussi des indices et sont significatifs de la présence du fantôme familial. Sont à prendre en compte les phobies, les troubles obsessionnels, les divers symptômes et manifestations psychosomatiques, délires, hallucinations etc..

Tout ce «matériel indiciel» pour être compris doit être placé dans une vision englobante, du système familial afin de trouver leurs significations et avoir un moyen d'action sur tout cela.


 
 
 

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