Les chemins de la transmission

Intergénérationnel et transgénérationnel

Le propre de l’humain est d’être inscrit dans une lignée qui, bon gré mal gré participera toujours à sa propre structuration/construction ; tant physique que biologique et psychique. Chacun porte un regard sur cette lignée, conscient et inconscient et cela est un fait. Il se trouve enfin toujours des mécanismes de défense actifs ou prêts à s’activer par rapport à ce regard porté sur notre famille, par rapport à ce qu’en tant qu’individu nous vivons et traversons. Le but de ces défenses est de sauvegarder notre équilibre psychique mais aussi permettre sur un autre plan à la lignée de se perpétuer.

Nous sommes tous, indépendamment de notre volonté imprégnés de l’histoire familiale et liés à elle, aux deuils non résolus, aux traumas et traumatismes, aux loyautés et il y a deux types de transmissions qui opèrent :

La transmission intergénérationnelle: Il s’agit de faits de vie clairement perçus ou connus, parlés ou non, c’est la transmission consciente (on est par exemple notaire, médecin ou boulanger de père en fils, bonne cuisinière ou ayant la main verte de mère en fille ...). La transmission consciente ou intergénérationnelle concerne donc les valeurs, la culture, l’éducation ou encore l’histoire. Ces transmissions, organisées entre les générations constituent ainsi le socle d’une structuration sociale et éducative où la tradition orale et les écrits jouent un rôle important.

La transmission transgénérationnelle : Il s’agit d’un héritage ou d’une transmission invisible, comme celle des traumatismes de guerres ou des secrets de famille, c’est la transmission inconsciente réalisée à notre insu et transitant par les chemins de l’inconscient familial. Ces transmissions inconscientes son le véhicule des secrets de familles, des non-dits et des répétitions transgénérationnelles. C’est d’ailleurs ces répétitions qu’il conviendra d’observer et d’interroger car c’est par elles et la conscience que l’on portera dessus que la compréhension pourra émerger.

Loyauté familiale : La loyauté est le terme que l’on emploie dès qu’il est question de coopération avec les autres du fait d’un lien d’appartenance à un même groupe. Avec cette notion de loyauté se mêle aussi celle de réciprocité, entre individus tout comme entre l’individu et son groupe d’appartenance : défendre le groupe et les membres qui le composent face aux attaques venues de l’extérieur.

Un exemple criant est celui des partis politiques qui se déterminent publiquement eux-mêmes par le terme de « famille politique », laquelle par réciprocité défend un de ses membres s’il est attaqué. La Loyauté est un élément constitutif de la cohésion de groupe et œuvre en faveur de sa stabilité. Les exemples récents de délitement de certaines «familles politiques» ne manquent pas non plus pour illustrer l’effondrement de la structure lorsque, à tort ou à raison, cette loyauté est bafouée. La loyauté peut tout aussi bien être une force destructrice qui permet « d’entrer en guerre » :

« Les amis de mes amis sont mes amis...les ennemis de nos amis sont nos ennemis. »

"Il y a une «comptabilité familiale implicite». Il ne s’agit pas seulement d’argent. (...) Mais il y a des injustices subies qui font mal. Je le vois assez souvent dans des déclenche- ments de cancer liés au stress et au ressentiment - parmi d’autres facteurs."

"Les gens n’arrivent pas à pardonner l’injustice subie. C’est lié à cette comptabilité si com- plexe du «grand livre des comptes» de la famille, de «ce qui vous est dû» et de «ce qu’on doit » aux autres pour la balance des comptes, pour «solde de tout compte».

cit. Anne Ancelin Schützenberger

L’héritage psychique est le résultat d’une conjonction des deux lignées dont est issu le sujet. Le chemin principal de la transmission est l’identification. L’identification est un processus psychique inconscient dont le mode opératoire peut être décrit comme : l’assimilation par un individu de caractéristiques, aspects, attributs ou propriétés d’un autre individu qui est pris pour modèle. Il y a dans ce mécanisme d’identification un principe de conformité dont la part de ce qui va être assimilé peut être plus ou moins grande.